Les institutions financières traditionnelles et les FinTechs

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Résumé
À l'ère de la mondialisation et de la digitalisation, les FinTechs transforment profondément le secteur bancaire et financier en proposant des solutions innovantes. Elles offrent de nouvelles opportunités pour améliorer l'accès aux services financiers et renforcer l'inclusion, tout en représentant un défi majeur pour les institutions bancaires traditionnelles. L'essor des FinTechs soulève des enjeux clés en matière de régulation, de sécurité des transactions et de relations avec les acteurs financiers classiques, mettant en lumière les dynamiques de collaboration et de compétition avec les institutions traditionnelles.



Le monde entier est aujourd’hui transformé par l’avènement du numérique. Le secteur bancaire est l’un des plus touchés par la révolution digitale, avec des évolutions profondes qui remettent en question le modèle traditionnel de prestation des services financiers. En effet, des technologies telles que le Big Data, l’intelligence artificielle (IA) et la blockchain facilitent l’émergence de nouveaux acteurs innovants, souvent des start-ups FinTechs, qui défient les institutions bancaires traditionnelles et redéfinissent les règles du marché.
Cette innovation technologique apporte sa pierre à l’édifice de la nouvelle économie numérique, en favorisant l’inclusion bancaire et en améliorant l’accessibilité aux services financiers. En exploitant des technologies innovantes pour réinventer les services financiers et bancaires, ces start-ups contribuent activement à la transformation du secteur financier et à l’évolution du modèle bancaire traditionnel.
Le terme FinTech provient de la contraction des mots « Finance » et « Technologie », désignant ainsi l’innovation technologique appliquée au secteur financier (Financial Technology).
Jusqu’à présent, le législateur tunisien n’a pas proposé de définition claire du terme « FinTech » ni établi de réglementation spécifique à ce domaine en plein essor.
Le Conseil de stabilité financière (FSB) propose une définition large de la FinTech, décrivant cette technologie comme celle : « qui a permis l’innovation dans les services financiers et pourrait conduire à de nouveaux modèles d’affaires, applications, processus ou produits ayant un effet matériel associé à la fourniture de services financiers ».
En parallèle, le FSB précise également que les FinTech englobent : « des innovations susceptibles d’impacter de façon significative l’offre de services financiers. Leur développement est censé générer de nouveaux produits, process, modèles d’affaires et transformer la structuration, l’efficience et la stabilité du système financier ».
Ces deux définitions soulignent le rôle crucial des FinTechs dans la transformation du paysage financier contemporain. Les FinTechs désignent des entreprises de services financiers qui exploitent la digitalisation de leurs processus et intègrent des innovations technologiques. Autrement dit, il s’agit de start-ups innovantes qui exploitent la technologie pour repenser et moderniser les services financiers et bancaires traditionnels. Cet écosystème émergent semble tout récent mais ne l’est pas tant que cela, en réalité.
Les FinTechs ont connu une évolution historique qui s’est étalée sur plusieurs générations. La FinTech 1.0 (1866-1967) a introduit les premières infrastructures financières, suivie de la FinTech 2.0 (1967-2008) avec l’essor des cartes bancaires et de la banque en ligne. La crise de 2008 a lancé la FinTech 3.0, marquée par la démocratisation des services financiers numériques. La crise a entraîné une perte de confiance des consommateurs envers les banques traditionnelles, ouvrant la voie à l’émergence de nouveaux acteurs dans le secteur. Enfin, la crise sanitaire du Covid-19 a favorisé l’émergence de la FinTech 4.0, basée sur des technologies avancées telles que l’intelligence artificielle, la blockchain et le big data.
La transformation numérique des secteurs financiers offre un immense potentiel pour stimuler le développement et favoriser la croissance économique, incitant ainsi les banques traditionnelles à adopter des mesures internes pour limiter les risques. Cette évolution crée des opportunités considérables tout en poussant les institutions financières à s’adapter aux nouvelles dynamiques du marché.
Au cœur de cette dynamique, les néobanques illustrent parfaitement l’impact de la FinTech sur le système bancaire. Ces dernières années, elles ont connu une croissance exponentielle, avec une multiplication de leurs modèles dans de nombreux pays à travers le monde.
Selon une étude menée en 2020 par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), les néobanques sont définies comme des « acteurs et des intermédiaires financiers offrant des services bancaires en ligne ou accessibles par des applications 100 % mobiles ».
Cependant, bien que les néobanques soient souvent associées à l’univers FinTech en raison de leur approche innovante et de leur modèle entièrement numérique, il est essentiel de noter que la distinction entre une néo-banque et une fintech est cruciale pour comprendre les nouveaux acteurs du marché financier et les implications juridiques qui en découlent.En effet, l’utilisation du terme « néobanque » implique un cadre juridique précis : il suppose que l’entité soit reconnue en tant que banque ou un établissement de crédit agréés. À ce titre, l’article L. 511-8 du Code monétaire et financier (CMF) interdit « à toute entreprise autre qu’un établissement de crédit ou une société de financement d’utiliser une dénomination, une raison sociale, une publicité ou, d’une façon générale, des expressions faisant croire qu’elle est agréée respectivement en tant qu’établissement de crédit ou société de financement, ou de créer une confusion en cette matière ».
Les FinTechs, pour leur part, ne sont pas nécessairement des banques. Il s’agit généralement de startups innovantes qui s’appuient sur un large éventail de technologies numériques pour proposer des services financiers variés.
En Tunisie, l’écosystème FinTech connaît une dynamique d’expansion remarquable, ce qui constitue un indicateur encourageant pour l’innovation et la modernisation du secteur financier. Cependant, les risques associés à ces nouvelles technologies constituent un frein majeur au développement des FinTechs dans le pays.
Pour que la transformation numérique atteigne pleinement son potentiel de croissance inclusive, un cadre réglementaire solide est essentiel. Ce cadre doit garantir la sécurité et la stabilité du système financier tout en favorisant l’innovation et la collaboration entre acteurs traditionnels et nouveaux entrants. La réglementation, tant nationale qu’internationale, doit être adaptée et uniforme pour encadrer les nouveaux acteurs et les activités financières émergentes.
Les relations entre les start-ups et les institutions financières traditionnelles soulèvent des enjeux cruciaux concernant l’impact des FinTechs sur la structure des marchés bancaires et des services financiers. Ces transformations posent plusieurs problématiques, notamment la manière dont les institutions financières peuvent s’adapter à ce nouveau paysage numérique tout en maintenant leur compétitivité et en minimisant les risques. Parallèlement, les régulateurs doivent faire face à un défi majeur : comment faire évoluer les modèles de régulation pour encadrer efficacement ces innovations tout en assurant la sécurité et la stabilité du système financier ? Ces questions soulignent la nécessité d’un équilibre entre innovation et régulation dans un secteur en constante évolution.